Babs avait tout à fait conscience que ce qu’elle faisait était mal. Plus encore que la première fois puisque c’était réitérer la connerie. Mais refaire la même erreur en toute conscience, et pour tempérer la première, n’est-ce pas toléré ? En faite, certainement pas mais c’était la seule solution qu’elle avait, même si elle se sentait toute cotonneuse à l’idée de se rendre chez Grey O’Connor… Il y avait à peine une demi-heure, Barbara avait fait un saut rapide au commissariat, sous prétexte d’aller voir son père bien qu’elle était certaine de ne pas le trouver là. Au détour d’une conversation ou deux, elle s’était éclipsée et elle s’était tout bonnement infiltrée dans le bureau de Jim afin de consulter un dossier… Une véritable mauvaise habitude, puisqu’elle avait déjà jeté un œil dans ce dernier il n’y avait pas quelques semaines. Exit la Batgirl, elle avait bien planté son coup avec Grey, en mode 100% Babs, la maladresse incarnée. Une fois l’adresse de ce dernier noté (puisqu’elle avait prit la décision de lui rendre visite), elle refit une apparition du côté d’un gringalet nouvellement recruté et parvint à lui soutirer une information importante : Le jour de repos de Grey. Évidemment, le destin avait décidé que ce soit aujourd’hui…

Avouons dès maintenant qu’elle resta longtemps assise au volant de sa poubelle de voiture (en apparence ^^) à se demander si s’auto flageller de n’importe quelle manière possible n’était pas une solution plus simple… Mais prise de mauvaise conscience et de regrets, elle avait mis le contact et pris la route pour se rendre au domicile de Grey. *Mais qu’est ce que je fou ? Qu’est ce que je fou moi ?... Qu’est ce que je vais lui dire ?* Tapotant sur son volant de manière très nerveuse, elle n’arrêtait pas de se jeter des coup d’œil pour vérifier qu’elle n’était pas trop moche, pas trop mal fichue, mal coiffée, mal vêtue… Puis s’en voulait à mort ! Se rappelant tout à coup qu’elle n’allait pas faire du gringue à ce type qui lui faisait un effet fou, mais bien s’excuser d’une bourde ahurissante qui l’avait privé de sa compagnie lors des dîners chez les Gordon. Pourquoi avait il fallut qu’elle aille mettre son nez dans les affaires des autres ? Et pire encore, qu’elle se fasse coincer ? Vraiment, ce mec était mystérieux, bien trop discrète sur son passé alors qu’elle, et bien… cherchait vraiment à en savoir plus et s’intéressait à lui de plus en plus. Mais à force de se prendre des murs, Babs avait craqué et cédé à la facilité : elle avait été chiper son dossier et avait découvert l’impensable. Encore un qui avait perdu sa femme, tout comme Ryan Rockwell… mais contrairement à Ryan, Grey lui plaisait beaucoup, et elle n’arrivait pas à le percer à jour.

Alors, lorsqu’ils s’étaient une fois encore isolés sur la véranda de Jim pour boire une bière, elle avait cédé (on ne sait pas comment, car il faut quand même être une sacrée gourde !) à la tentation de lui en parler… sans doute la confiance qu’il lui inspirait. A croire qu’elle s’était crue tout permis ! Elle lui avait parlé de sa femme, décédée lors d’attentat… Bon dieu mais qu’avait elle pensé ? A repasser la scène dans sa tête, elle se trouva si ridicule et indélicate qu’elle ne résista pas à l’envie de s’écraser le front contre le volant, ce qui déclencha à klaxon sec, la fit sursauter et dériver quelque peu de sa route… sacrément en pétard, le conducteur d’à côté lui assena bon nombres d’insultes qu’elle n’entendit pas et s’excusa d’une signe de main tout penaud… bravo la Batgirl, t’a vraiment rien dans le calebar sans ton costume ! Une fois arrivée devant chez lui, à l’extérieur de Gotham, Babs passa bien 20 minutes à y réfléchir encore, puis elle prit encore son courage à deux mains, claqua la porte de sa voiture comme une furie et se dirigea d’un pas conquérant vers la porte de la demeure. La détermination se lisait sur son visage, si bien que rien ne semblait pouvoir lui résister ! Elle allait s’excuser, et lui priver qu’elle n’était pas aussi imbécile qu’elle le lui avait montré jusque là ! Oui ! Aller !! Elle accéléra sa démarche jusqu’à la porte, sonna vigoureusement… et sembla se dégonfler physiquement.

D’un seul coup, elle avait perdu deux centimètre et ses deux épaules. Elle lâcha un « Merde ! » étouffé et chercha une planque, à la limite de la panique et quasiment prête à se jeter dans le plus proche buisson. Elle venait de sonner ? C’était elle qui avait fait ça ? Non impossible !! Au bord de la crise d’angoisse, elle entendit la porte s’ouvrir et se tourna alors vers cette dernière pour ne pas paraître trop hystérique, tenta de lancer un bonjour ‘normal’ mais tout ce qui sortit de sa bouche fut un « ………… » retentissant !