Rachel & Aslinn

S'entretenir, telle était la devise d'une femme de science qui accepta de devenir stripteaseuse. Il fallait qu'elle garde un minimum de souplesse pour parfaire ses numéros à la perfection. Se muscler lui paraissait également important, cela faisait plus beau à toucher que de la graisse qui pendouille. Trêve de termes dégueulasses, la jeune femme était venue se dépenser un peu. Elle était donc vêtue en tenue pour : short, baskets, débardeur, il faisait chaud dans le complexe sportif. Le tapis roulant ne restait pas l'activité la plus évidente si on n'en avait pas l'habitude. Question poids, la belle n'avait aucunement le besoin d'en perdre, elle le savait, ni ne s'en vantait mais se donner un peu plus d'endurance, il le fallait. Son mari avait voulu l'accompagner mais il fut retenu par le laboratoire : des prélèvements étaient arrivés et il fallait qu'il s'en occupe. Officiellement, son épouse travaillait à ses côtés. Or, son mari devint fournisseur. Il réalisa un de ses projets. Il avait besoin de piment dans sa vie, et d'argent surtout. Alors, il passa un marché avec Papi S, un grand mafieux, un contact. Monsieur O'Donnell possédait une tonne de fréquentations autant des bonnes que des mauvaises. Il passa donc un contrat avec son ami : il a échangé sa femme pendant une année contre une avance pour qu'il puisse acheter son matos et d’autres bien. Voilà comment Aslinn s'est retrouvée danseuse de nuit. Elle ne refusa pas, elle savait que son mari faisait cela pour assurer leur avenir. L'homme détenait vingt ans de plus que sa femme et il n'allait pas vivre plus longtemps qu'elle s'il suivait une évolution sans encombres. Ce nouveau job lui offrait de nombreuses possibilités. Trop ennuyée par une vie bien rangée, elle se lâchait auprès d’inconnus. Forcément elle trompa son époux mais ce dernier l'y autorisait, un sacrifice pour un autre. Les O'Donnell restait sur la même longueur d'ondes. Ils se connaissaient depuis dix ans. As' avait pour professeur à l'université dans sa matière principale : la chimie, celui qui était devenu son mari. Il vécurent une liaison sulfureuse et secrète. Après, ils se perdirent de vue pour se retrouver comme par hasard de années plus tard. Ils finirent par se marier. Leur amour demeure tenace. La différence d'âge ne les a jamais affecté. Autant dire que ce couple ne faisait rien comme tout le monde. A Gotham, il s'agissait d'un acte courant. Le chaos régnait. Et personne ne changerait la sale mentalité de certaines personnes comme celle qui venait de bousculer accidentellement Aslinn. En l'observant, la rousse reconnut cette brune. Elle rendait souvent visite à son mari. Ils traitaient des affaires, mais lesquelles ? Personne ne lui disait rien. As' n'appréciait pas l'allure de cette femme. Qui était-elle ? Cherchait-elle à s'immiscer dans un couple et créer la zizanie ? O'Donnell, l'épouse, s'en méfiait comme de la peste.

- Pardon ? C'est toi qui vient de me bousculer ! Son regard se voulait mauvais. Elle se reprit :... Mais... je te connais. Enfin, je t'ai déjà aperçu. Aslinn O'Donnell, mon nom de famille ne te dit rien ? Son mari avait peut-être changé de nom ou trouver un pseudonyme pour les affaires, le nom de famille de Line signait déjà son passe-partout. Tu es ? Je te vois souvent traîner dans les parages.

Rachel & Aslinn

Rachel Andersen se montrait sous un très mauvais jour. D'abord, elle bousculait une personne. Sans s'excuser, elle accusait autrui d'être fautif alors qu'il s'agissait de la brune qui demeurait coupable de cet acte peu gravissime en soi. De plus, elle avait usé d'un ton agressif. Pour qui se prenait-elle ? La reine du complexe sportif ? Elle ne l'était assurément pas. Elle ressemblait plus à un garçon manqué qui avait du mal à voir sa place dans ce bas monde et qui ne trouvait rien de mieux à effectuer que de s'acharner sur les autres pour leur faire payer son malheur et son mal-être. Aslinn ne connaissait pas son interlocutrice mais elle détenait cette image, celle que la brunette renvoyée : vraie ou pas, elle donnait juste cette impression. Une asociale ! Sur la défensive et interloquée, O'Donnell répondit :

- Non je n'ai pas dit cela. Pourquoi tu m'agresses comme cela ? Je ne t'ai rien fait. T'es pas super agréable comme nana. Apparemment, le nom de l'irlandaise évoquait quelque chose à Rachel. Cette dernière semblait s'amuser à mimer une quelconque relation avec le mari de As'. La rouquine ne se laisserait pas faire. Par contre, son interlocutrice la chauffait réellement. Elle n'était pas capable de se présenter sous un bon jour. Je suis son épouse. Pourquoi je me justifie... ? … Je ne te dois rien après tout. Elle fixait Andersen avec un air neutre. Alors comme cela tu bosses dans le monde des affaires ? Et tu te fais pas manger, y'a des plus gros poissons que toi et avec ton sale caractère, ça ne doit pas passer. Je suis certaine que Scott ne doit pas te supporter autant que tu le penses. Les filles mal élevées ce n'est pas ce qu'il préfère. Ce qui contrariait Aslinn restait de ne pas savoir de quoi leur business traité et la manière dont leurs rencontres pouvaient se dérouler.

As' connaissait bien son époux, Scott, il ne la tromperait pas avec une femme de basse classe, de cette allure peu aimable. Si c'était le cas, Line stressait quelque peu, il avait fait un sale choix. La jeune femme possédait une confiance aveugle en son mari mais elle doutait parfois. Elle le rendait cocu sévèrement et il le savait. Pourquoi ne se défoulerait-il pas lui aussi ? Cela l'étonnait aux vues des sacrifices personnels de chacun pour amener leur couple à survivre sereinement. Scott représentait tout pour Aslinn : un mari aimant, un partenaire de choc, un collègue de temps à autres, un meilleur-ami, un confident, un père même, etc. Rachel ne les séparerait pas. Qu'est-ce qui passait par la tête de cette nana apparemment atteinte d'un manque de reconnaissance ?

Rachel & Aslinn

Rachel jouait largement la victime. Aslinn n'appréciait pas son comportement. La rousse ne rentrerait pas dans son jeu. Elle pourrait très bien interpréter le même rôle en se plaignant d'avoir été agressée la première. Or, elle ne détenait pas l'envie, ni le besoin d'exercer cette stratégie complètement infantile. L’incompréhension régnait tout de même. Elle venait de se faire importuner. Désormais, il s'agissait d'elle qui passait pour la méchante de l'histoire. Andersen s'était montrée sèche avec ses jugements acerbes et non justifiés. O'Donnell répondait de manière désagréable car elle y était poussée. Elle détestait les personnes d'une aussi mauvaise foi. Comment faisait Scott pour la supporter ? Elle se montrait mauvaise, peu avenante, agressive avec qui le voulait. En affaire, elle devait se faire littéralement bouffer. Un petit poisson qui a de la gueule, surtout à la « manière Rachel », demeurait un élément gênant plus qu'autre chose : avec les grands, c'était « tais-toi et suis-moi ou sinon tu sais ce qui t'attend ». Il fallait rester discret et savoir écouter le boss, le souci avec les indés se caractérisait par leur façon de se croire tout permis. Cela plaisait moins, des gens peu redoutables mais embêtants, semblables à des tiques s'infiltrant dans la chair humaine. As' ne doutait pas de son mari. Elle détenait une belle et forte confiance en lui. Malheureusement, elle doutait sur quelques points quand-même. Les propos de la brune ne l'aidaient surtout pas. Pourquoi ne pas s'arrêter à un rendez-vous ? Pourquoi prolonger ce partenariat ? Par la suite, Rachel évoqua les différences de milieu entre elle et l'irlandaise. Évidemment elle se méprenait avec ses jugements personnels préfabriqués, bas et même pas vérifiés. O'Donnell avait vécu normalement, c'était à dire de manière convenable jusqu'à ses douze ans. Son père abandonna femme et enfant. La rouquine obtint une vie de pure galère à gérer une mère alcoolique, à chercher de l'aide auprès de sa voisine, à assumer l'école et toutes les corvées possibles et inimaginables pour une jeune fille de son âge. Avec cela, elle ne tourna pas mal comme la plupart des jeunes. Non, elle finit première de classe, surdouée dans le domaine des sciences, rongée par le désir de réussir dans la vie. Avec Scott, il avait construit leur cocon. Présentement, As' faisait toujours face à la brunette qui l'agaçait sérieusement avec ses commentaires à deux balles. Elle aurait bien terminé sa séance de sport. Or, la conversation, plutôt difficile en terme de communication, était engagée.

- Évitons de parler affaires. Je peux me renseigner assez facilement, comme cela ne m'intéresse pas, je parle de ton cas, on va dire que je laisse de côté. Insipide, je dirai juste rebelle et peu gérable : impulsive... une plaie pour le business à première vue ! Elle ne souriait pas. Tapes-toi mon mari si tu le souhaites, ça prouvera ce que je pense de toi. Autrement, pour le milieu aisé, encore un jugement hâtif... tu peux repasser. Soupirs. C'est bon tu as fini ?