-Je suis réaliste. C'est pas mon monde … Ce pseudo art n'en est pas … Enfin tu es là pour quoi exactement ? C'est bien rare de te voir traîner dans les parages. Tu t'ennuyais ?

L'assurance lui venait d'un coup. Son regard se faisait plus neutre encore. Elle avait toujours peur de cet être certes mais la conversation engagée la rendait plus à l'aise. Elle se trouvait plus écoutée. Elle ne tenait pas à ce que Eze' piste ce manque de contrôle de soi face à lui de toutes façons. Il était complètement impressionnant. Pas plus que ce fameux Papy S … Une horreur ce mec. La brunette l'exécrait à un point. Parfois elle s'énervait seul contre tout car elle avait en horreur ce visage, cette voix, ce tout. Il la hantait même. Il tenait Lulla' à la baguette et lui en faisait voir de toutes les couleurs. Cet homme la paniquait plus que tout au monde. C'était son pire cauchemar, un grand monstre ambulant. Se tirer de ses pattes serait la plus dure des affaires. Ça relevait de l'impossible en fait. Les traces de l'impact de ce grand bonhomme était même visible sur son corps. Il était omniprésent.

- Hum comment ça se passe dans ton bordel ? C'est assez direct mais bon … J'ai besoin d'en savoir plus. La brunette ne tenait pas à passer par quatre chemins avec le bel homme. Elle lui demandait ce qu'elle voulait savoir. Il lui répondrait certainement sans soucis. Peut-être cela l'étonnerait-il ? L'envie d'avoir de meilleurs conditions, de s'en sortir un peu plus la travaillait. La jolie voulait avoir une vie plus enfin moins indécente mais impossible de faire un retour en arrière... Elle était bloquée dans ce destin qu'elle haïssait. Un souvenir d'elle en classe de danse lui revenait en tête à l'instant. Elle devenait pensive, voir rêveuse. Cet élan qu'elle prenait pour faire de beaux tours sur elle même, ce contact des pieds frôlant les planches en bois, cette tenue légère mais inspirant du respect ... maintenant elle devait se trémoussait, faire des chorégraphies osées et jouer avec le public de manière "vulgaire". Le retour à la réalité fut difficile. Elle n'avait pas ce faux talent d'être aussi investigatrice. Elle faisait juste semblant ...

Les question de la danseuse n'étaient pas dirigées en ce sens. C'était de la simple curiosité. Elle se demandait réellement ce qu'il venait faire ici, dans cette antre. On ne l'y voyait que rarement. Ça restait étonnant à un fort point. Puis c'était l'endroit où les filles se changeaient avant leur prochain numéro. Ça représentait beaucoup pour la belle qui n'avait de cesse de se détester dans ce miroir qui se tenait face à elle. Elle l'avait même déjà brisé, pur cliché de la personne qui se haït. L'homme de pouvoir souriait mais dans ses dires on le sentait vexé. Lulla' se méprenait peut-être mais elle s'en voulait un peu. Bien sur que non, Lullaby fit un signe de la tête pour démontrer sa pensée. Elle ne songeait pas à ce genre de fait. La belle ne pensait pas cela de cet homme. Au contraire ... Elle l'estimait un peu plus que ça quand même, là c'était le réduire sinon. Il serait comparé à ses hommes assoiffés de voir de beaux corps mais avec rien dans leur tête. Eze' n'était pas ainsi. La brune ne le croyait pas si petit d'esprit, au contraire : elle le trouvait grand, voir très grand. Il devait l'avoir compris, enfin peut-être pas. Bref la jeune femme n'avait pas eu l'intention de l’offenser sur le coup. Elle se sentait bête d'avoir parlé si vite. Son message était mal passé. Il avait bien l'air d'un mec bien occupé qui n'avait pas de temps pour des broutilles, pas besoin de préciser. Ce fait était certain. C'était écrit sur son visage, sa manière d'être etc ... On comprenait bien qu'il avait un certains statut, une certaine carrure, il n'était pas ce genre de fainéant.

- Non du tout ... Au contraire. Juste que ça m'étonne de te voir te pavaner ici. C'est peu habituel justement. J'ai pas de doutes sur le fait que tu sois bien occupé. C'est même certain vu tes activités et autre. Le mot sans rechigner la fit sourire. Quel pervers, chuchota-t-elle discrètement. Il en restait pas moins une sorte de mac à nana. Il bossait dans un bordel quand même... Oops enfin ça change pas grand chose j'imagine. Enfin si le sens mais crois tu vraiment qu'on puisse dire que c'est un lieu digne ? Tu peux donc me parler de cette belle réalité ? Qu'entends-tu par bien traitées ? C'est quoi ton rôle ? Ton implication ? J'ai besoin d'en savoir plus.

L'atmosphère se refroidissait petit à petit. La brunette avait dit des choses qu'elle n'aurait pas du formuler ainsi. Lullaby n'avait pas le contrôle de ce qu'elle avançait et elle perdait encore un peu plus ses moyens. Elle avauit un mal fou à causer avec Eze'. Il était évident qu'avec cet homme elle n'avait pas d'assurance. En même temps, il en imposait tant. Elle ne voulait pas le froisser non plus. Difficile de composer avec tout cela. C'était un malentendu dans le fond. Jamais elle n'aurait aimé le traiter de vieux pervers.
Quand il la repris, la brune avait quand même un petit sourire narquois. Elle connaissait le respect. Elle n'avait pas été élevé dans un bidonville comme certains. Elle avait un statut social qu'elle perdait, bien sur, à cause de son enlèvement et à cause de la suite des événements. La jolie n'était pas une de ces petites connes sans cervelles. Il était certain qu'elle n'était pas des intimes de ce grand homme, heureusement pour elle. Il avait l'air difficile à vivre. Enfin, elle n'était pas ici pour juger qui que ce soit. Elle voulait juste en savoir plus sur son entreprise. L'homme apparaissait comme menaçant.

- Euh excuse moi mais le respect est une notion qui fait partie de mon vocabulaire et de ma manière d'être. Marre d'être considérée comme ces putes … Je commences à satu... Je ne tenais pas à apparaître comme irrespectueuse. Je sais bien … Pardon … La peur de voir son visage finir dans ce miroir face à elle était plus forte que son entrain à se défendre. Le pouvoir de son interlocuteur et sa rage n'étaient pas des éléments factices. Je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps, tant pis ... J'ai eu assez d’éléments. Bonne soirée Ezechiel. Ce fut un plaisir de pouvoir causer avec toi.

- Je ne suis pas une PUTE. Je t'interdis de prononcer ces mots ! Tu ne me connais absolument pas.

Son visage devenait plus colérique, ses mots plus durs. Lulla' ne se laisserait pas faire pour le coup. C'était dure avec Eze' car elle hésitait toujours à être plus vindicative. Sa dignité était mise à mal. La brune en avait marre d'être prise pour une fille de ce genre, même si son métier l'amenait à ce rang... La danseuse n'était pas une femme de caractère à se faire désirer par tous, à se donner à n'importe qui. Elle ne faisait pas espérer ou autre. En général, elle avait une prestance et choisissait elle même ses proie enfin avant tout ce cinéma qui l'avait amené à devenir aussi fausse que l'espoir d'une paix dans le monde. Elle n'avait pas commandé ce destin, plus affreux qu'espéré. La belle ne l'acceptait pas du tout. Elle était tenue. Papy S était son tyran. Il la menait par le bout du nez de toutes manières. Elle devenait plus susceptible en entendant qu'on arrivait à l'insulter autant. La noirceur de son regard vint se déferler sur ce Monsieur. Jamais on avait osé la traiter de ce nom mais avec ce nouveau statut de danseuse « vulgaire », ça y est. La donne avait changé.
Eze' ne laissa pas la jeune femme repartir. Il la retenait. Elle qui croyait réellement s'en sortir en partant, mine de rien. C'était totalement raté pour le coup … Lullaby fut surprise, il était vraiment un homme de poigne celui là. Elle laissa passer un petit soupir. Elle qui voulait s'enfuir … FAIL !

- Écoute, arrête de t'emporter ok. Je voulais juste savoir. Où est le mal ? J'avais besoin de ces renseignements. C'est tout bête. Voilà satisfait ? Elle vit la porte des loges se refermer. Son cœur se serra. La panique revint quelques peu. Elle stoppa la défiance. Ezeckiel avait le don de la faire partir dans pleins d'émotions. Je me sens mal avec Papy S... voilà tout. Maintenant laisse moi s'il te plait.

C'est fou ce qu'il fallait faire aujourd'hui pour faire taire les gens. Et après ils se plaignaient parce qu'on les maltraitait, seulement ils faisaient tout pour que ça arrive. Elle aurait su où était la limite à ne pas franchir, ce qu'elle avait le droit de dire ou faire et ce qu'il lui était interdit et surtout si elle connaissait sa place, je n'en serais pas arrivé là où l'on en est maintenant. Oui elle est en colère, évidemment qu'elle me déteste, mais sincèrement, je vais vous dire, je m'en badigeonne le nombril avec le pinceau de l'indifférence de ce qu'elle pense. Elle rêve de me voir mort ? Parfait, je suis ravie pour elle, qu'elle s'accroche à ses rêves, ce n'est que comme ça qu'elle tiendra et qu'elle avancera. Elle rêve de s'en aller, qu'elle continue de rêver, elle n'a plus que ça de toute façon. Elle peut bien vouloir ce qu'elle veut, de toute façon entre vouloir et pouvoir il y a un monde et elle ne fait pas parti de ceux qui peuvent, mais de ce qui veulent, c'est triste mais c'est ainsi. Je la fixe, froidement, attendant de voir si je vais devoir la frapper de nouveau pour la calmer, mais je constate que c'est inutile. Dommage, j'avais envie de me défouler et son beau visage aurait été parfait pour me servir de punching-ball. Je m'éloigne d'un pas d'elle, sans esquisser le moindre sourire ou sans prononcer la moindre parole. Je me tourne vers la glace et remet en place mes cheveux, ma cravate et tout ce qui aurait pu être dérangé. J'aime être parfait et cette petite saute à tout gâché, comme toujours. « Que tu n'aimes pas ta vie c'est une chose, mais il y a des règles à respecter ici. Chacun à sa place et ça serait bien que tu restes à la tienne, qu'elle te plaise ou non ! » Je m'en moquais de savoir si elle allait m'écouter ou si cela aller changer quelque chose, elle se prendrait une raclée à chaque fois qu'elle oubliera qui elle est, ça va peut-être lui rafraichir la mémoire. Je me détourne d'elle, sans un regard en plus pour cette catin et j'ouvre la porte, laissant Lullaby seule à son malheur. Cette rencontre n'aura été agréable ni pour l'un, ni pour l'autre mais c'est uniquement de sa faute. « Allez on y va ! » dis-je simplement à mes hommes, avant de quitter les loges pour me rendre au bureau de Papy S. Cette fois-ci je ne dirais rien à son patron, mais à la prochaine remarque insolante de sa part et je ne serais pas aussi clément.



Et voilà, le RP touche à sa fin