Halloween ou le soir où tout est permis ou presque. Les enfants se déguisent et vont dans les rues, en groupe ou en solitaire, pour frapper aux portes des maisons afin de quémander des sucreries. "Trick or treat", voilà ce que disaient tous les enfants quand la porte s'ouvrait et bien souvent ils étaient récompensés par une farandole de sucreries en tout genre. Parfois, les gens ne jouaient pas le jeu et ils pouvaient arriver que leur maison est besoin d'un bon nettoyage extérieur, mais ce n'était que pour s'amuser...
Les adultes se déguisaient aussi, mais non pas pour faire du porte à porte, mais plutôt pour se rendre à des soirées organisées un peu partout en ville, soit chez des amis, soit dans des bars, soit comme ce soir à la Tour Wayne pour un bal en l'honneur d'une de leurs nouvelles inventions. Ce faisait quelques semaines déjà que cette soirée avait été annoncé et des invitations avaient été envoyé à beaucoup de gens, en général les Grands de Gotham, les actionnaires de Wayne Entreprise ou à des personnalités ou personnes influentes à Gotham City.

La question que je me pose, attendant mon tour devant les vigiles de l'entrée, c'est comment mon boss a réussi à obtenir une invitation ? Je n'ai pas le souvenir qu'il fasse parti des actionnaires ou qu'il soit vraiment quelqu'un de reconnu, maintenant je suis peut être un peu mauvaise langue, ses affaires marchent plutôt pas mal et ce n'est pas parce qu'il tient ses bars avec une poigne de fer, ça on peut en être certains, il y a du blanchiment d'argent dessous, j'en suis persuadée. Je ne suis plus qu'à une personne de l'entrée et je me demande si c'est vraiment une bonne idée que je sois là ce soir, mais la réalité me revint rapidement à la figure : ce n'est pas comme si j'avais le choix. Soyons réaliste, j'ai perdu le droit d'avoir le choix le jour de mes 11 ans, quand je suis entrée à son service et si on reste parfaitement réaliste, je n'ai jamais vraiment eu le choix dans ma vie, on m'a toujours tout imposé, au départ parce que je n'étais qu'une enfant et maintenant parce que je suis faible.
Le vigile à l'entrée me tend sa main et je lui donne mon carton d'invitation, esquissant un beau sourire, forcé cela va s'en dire, mais il n'y voit que du feu. Il cherche le nom qui se trouve sur mon carton sur sa liste et une fois qu'il l'a trouvé, fais une croix derrière et m'ouvre les portes de la Tour Wayne.

" - Bienvenue Mademoiselle..."

Bref signe de la tête en guise de remerciement et je m'engouffre dans la Tour. Je me dirige d'un pas tranquille vers les Grandes portes de l'une des salles de réception et je m'arrête un instant. Il y a déjà beaucoup de monde, je vais pouvoir m'y faufiler discrètement et me faire oublier, pile ce que je désirais. Je respire un bon coup, vérifie que mon masque en dentelle noire, qui me cache une partie du visage, est bien en place, réajuste ma robe noire et ma longue capuche qui permet de définitivement dissimuler mon identité et j'avance enfin dans la salle. Je n'ai pas de déguisement défini, en clair je ne suis pas déguisée en quelqu'un ou quelque chose en particulier, sauf peut être en veuve noire à la rigueur. J'ai mis cette longue robe noire qui me descend jusqu'aux chaussures pour cacher le fait que je ne suis pas chaussée de talons hauts mais de rangers. Le haut de ma robe est un bustier qui est beaucoup plus confortable qu'on pourrait le croire et surtout il me permet de dissimuler tout mon attirail de voleuses. Le bas est détachable, quand le moment sera venu, il me suffira de l'enlever pour faire apparaître mon pantalon noir, beaucoup plus pratique pour grimper ou courir en cas de nécessiter. Mais pour l'heure, je suis une jeune femme vêtue de noir, de la tête au pied, dont le visage est caché en partie par la longue capuche qui est attaché à son petit veston afin de ne pas avoir froid et par un masque en dentelle qui recouvre une grande partie du visage. Les piercings ne sont là que pour accessoiriser mon costume et donner un côté sombre au personnage que j'incarne, rien de plus. J'arrive vers la personne qui va annoncer mon nom, celui qui se trouve sur le carton d'invitation cela va s'en dire, pas mon vrai nom, il n'y aurait aucun intérêt. Je suis assez amusée par le pseudonyme que l'on a choisi :

" - Miss Black Widow"

Une veuve noire, oui je crois que je l'incarne bien, mystérieuse, attirante et sans pitié, c'est le thème pour la soirée. J'esquisse un beau sourire à l'homme qui vient de me présenter et j'avance pour laisser la place aux personnes suivante. J'erre pour ma part dans la salle sans but, slalomant tranquillement d'invité en invité, saluant d'un signe de tête ceux que je croise, sans rien leur dire. Je me dirige vers le buffet et prend une coupe de champagne, plus pour me fondre dans le décors que pour réellement la boire. Je suis en place, que la soirée commence ...

Halloween, je n’avais pas eu beaucoup l’occasion de m’amuser pendant cette période, comprenez bien j’ai perdu mes parents très jeune, mon adoptif ne voulait pas s’embarrasser de ça. Ce n’est qu’à 14 ans que j’ai pu réellement m’amuser à Halloween, aller faire la tournée des maisons pour avoir des bonbons. Oui j’avais fait ça pendant 3 ans, jusqu’à mes 17 ans, puis avec mes parents adoptifs et mon grand frère nous faisions de simples soirées en famille.

Je ne savais pas trop pourquoi j’avais reçu cette invitation, sûrement parce que je faisais partie d’une famille assez riche ? Moui possible, enfin qu’importait. J’avais choisi mon déguisement très rapidement. Des chaussures rouges, une robe rouge aussi, et une cape avec une capuche elle aussi rouge. Charmant petit chaperon rouge m’avait dit mon frère en souriant avant que je le fasse sortir de mon appartement en le menaçant d’un coup de pied aux fesses s’il n’arrêtait pas de m’embêter. J’avais eu droit à un « si je ne t’embêtais pas je ne serais pas un bon grand frère », il m’avait fait sourire. J’avais vite terminé de me préparer, attrapant le masque qui cacherait le haut de mon visage, déjà en partie cacher par la capuche. Et puis direction la tour Wayne, mon frère me conduisait. Dans mon petit sac, rouge bien entendu, j’avais mes papiers, mon portable et mon invitation.

Une fois arrivée à la tour Wayne je me glissais dans un ascenseur pour aller dans la salle de bal. Je donnais mon carton d’invitation en donnant mon pseudo de la soirée, Red, comme dans Little Rid Hidding Hood, mais c’était trop long n’est-ce pas. Alors je le raccourcissais. J’avais confirmé ma venue et précisé le nom que j’emploierais mais je devais encore le dire bien sûr. « Mademoiselle Red. » Mademoiselle le petit Chaperon Rouge. Je souriais en entrant dans la salle. Il y avait déjà pas mal d’invités, enfin invité ou peut être des gens qui venaient parce que c’était une soirée organisée par Wayne Entreprise. Je me dirigeais vers le buffet pour attraper une coupe de champagne tout en observant la décoration de la salle et les gens présent. Trop de monde. Vraiment trop. Mais je n’allais pas me laisser abattre par la foule présente hein ?

« Lady Passion »

Ce soir c'était Halloween et c'était la première fois depuis plusieurs années où je n'allais pas à une soirée d'université déguisé avec un costume mettant mes atouts en valeurs. Non, cette fois, j'étais invité à une soirée où le dress code est tenue classe accompagnée d'un masque obligatoire. Le docteur Quinnzel avait reçu des invitations pour la soirée organisée par la compagnie Wayne, prévu pour présenter une de leur nouvelle innovation. A mon plus grand bonheur, la psychiatre m'avait confiée un carton pour que je puisse moi aussi profiter de cette délicieuse soirée qui s'annonçait. Me voilà donc, devant mon miroir à ajuster mon rouge à lèvres, peaufiner mon trait d'eyeliner et rougir mes joues un peu plus. J'avais décidé de tout misé sur un look assez vintage. Portant une robe bustier noir, fendue jusque la mi-cuisse, assorti de louboutins de la même couleur, je rassemblais mes affaires dans une petite pochette foncée. Après avoir fait un dernier tour dans mon appartement, je revêtis une capeline prévu pour les soirée fraîches. Je sortis de mon logement puis rentrais dans le taxi que j'avais appelé pour pouvoir me rendre à la tour Wayne. Après un court trajet, le véhicule s'arrêta, je payais le chauffeur puis me dirigeais vers la porte d'entrée. Une jeune femme me demanda mon invitation que je lui tendis aussitôt. Par la suite j'entrais dans le bâtiment qui se trouvait devant moi, tout en passant par les vestiaires pour laisser ma capeline, j'observais assez mystifiée la décoration. Mon esprit d'enfant c'était éveillé et je découvrais pas à pas les diverses objets accrochés un peu partout. Je fus arrêtée par un homme qui voulait savoir mon pseudonyme afin de m'annoncer .« Lady Passion » lui répondis-je avec un sourire en coin. Je l'entendis scander haut et fort ces deux mots puis rentrais dans la pièce en prenant une coupe de champagne à la volée. J'étais vraiment curieuse de savoir si j'allais rencontrer ou bien reconnaître des personnes de mon entourage à cette petite fête.

J’aurais aimé être n’importe où plutôt qu’ici, mais comme toujours je n’ai pas eu le choix, il fallait que je sois ici ce soir pour voler l’invention. Comme m’a si bien rappelait mon cher boss, je suis une voleuse, mon but premier dans ma vie c’est de voler et non pas de me tourner les pouces parce que ce soir c’est Halloween. Tous les monstres sont dans les rues, ma place est donc toute choisie … je ne saurais vous dire comment je suis censée prendre cela, mal très certainement mais je ne peux rien dire, on ne se rebiffe pas contre M. Dawne, on sourit, on le maudit intérieurement, mais on ne le reprend pas et on ne lui dit pas ce qu’on pense tout au fond de soit, parce qu’à dire vrai, le véritable monstre, entre nous deux, c’est bien lui …

Après m’être servie un verre de champagne, je me tourne vers l’estrade où le Maire venait de faire son entrée. Comme toujours il arborait un grand sourire, son déguisement était plus sympa mais lui avait les moyens de se le permettre, pas moi … Il nous fait son beau discours d’ouverture de la soirée, puis lance la musique et nous laisse à nos « divertissement ». Seulement mon seul et unique divertissement se déroulera pour ma part un peu plus tard dans la soirée. Je vais me faire un plaisir de couper l’herbe sous le pied à tous mes comparses voleurs en dérobant sous leurs yeux l’invention. Mon boss sera content et moi je gagnerais des points en réputation et on arrêtera de se foutre de ma gueule juste parce que je suis un « poids plume », comme certain le prétendent. Oui je suis atypique, je ne passe pas inaperçu dans les jolies rues de Gotham, mais je vis dans les bas fonds, ou personne ne fait attention à moi, croyez le bien.

Ce soir personne ne fait attention à moi, j’erre à ma convenance dans la salle, ne prétend pas attention aux gens qui m’entourent ou feignant plus de ne pas y faire attention alors qu’au fond je les analyse tous pour voir si je reconnaîtrais des comparses. Pour le moment rien, j’en étais assez contente, j’aurais peut être le champ libre pour voler tranquillement cette chère petite invention « révolutionnaire ». Je vois Bruce Wayne à ma droite, à quelques pas de moi, en rennes. Il est ridicule, je le lui dirais bien mais il est déjà occupé et je ne suis pas là pour me faire remarquer. Moins de personne pourront m’identifier et mieux cela sera pour moi. Je continue donc mon chemin, laissant le Président de la Wayne Entreprise au main d’une jeune femme plutôt élégante. Un homme se recule soudainement, me rentrant dedans. Je recule à mon tour de quelques pas et heurte une personne. Le vieux monsieur s’excuse avant de retourner vers le groupe de personne qu’il venait de quitter et moi j’essuie le champagne qui venait d’être renversé sur ma robe et mon bras, tout en me retournant vers la personne que je venais à mon tour de bousculer. L’homme était vêtu de blanc, avec un parapluie, mais ce n’était pas tant son costume qui m’interpela que ce visage que j’avais déjà vu auparavant.

« Veuillez m’excuser, je ne vous avez pas vu … » lui dis-je en tentant de modifier un peu ma voix pour qu’il ne la reconnaisse pas. Je pense que depuis ce fameux jour, il avait dû m’oublier, mais je préférais ne pas prendre de risque. Il sait que je suis une voleuse, il va se douter du pourquoi de ma présence ici sinon. J’esquisse un bref sourire avant de tenter de m’éloigner au plus vite de lui. S’il me reconnaît, je suis dans la merde. Je croise les doigts et tente de me faufiler entre les personnes présente autour de nous. Espérons que mon inconnu, sous le nom d’Ishtar que j’ignore, m’a oublié…

Et tu as reçu l’invitation comment ?
Je te l’ai dit, Holly, j’ai rencontré Bruce Wayne à une soirée mondaine, on a sympathisé et il m’a invité.
Sympathisé ? Avec Bruce Wayne ? Tu veux me faire gober ça ?!

Sélina continuait de s’habiller pour la soirée en pestant contre les remarques, pourtant pertinentes de Holly. Elle avait l’habitude d’être assez acerbe avec elle, c’était d’ailleurs la seule qui pouvait se le permettre. Sélina était agacée. Depuis qu’elle avait rencontré Batman puis Bruce, elle était déroutée. Batman lui plaisait, c’était certain. Bruce était plus trouble. Comme s’il y avait en lui deux hommes différents. Un odieux et l’autre charmeur. Et elle ne savait qui choisir. Holly s’était ouvertement moquée d’elle en lui rappelant qu’elle hésitait entre un milliardaire prétentieux qu’elle ferait mieux de plumer sans vergogne et un vengeur masqué qui cherchait à la mettre en prison. Piètre choix, selon Holly. Naturellement, Sélina l’ignorait et n’écoutait pas ses conseils.

La jeune femme tenait à être sur son trente et un pour ce soir. Elle savait que Bruce y serait et elle se demandait ce qui se passerait durant la soirée. La dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés, la soirée avait été mouvementée. Sélina avait choisi un loup noir qui n’avait pas la même forme que son costume de Catwoman. Elle avait également prévue sa robe de soirée, noire comme toujours, et assortie à son masque. Sélina avait passé pas mal de temps dans la salle de bain afin de se préparer, elle avait ourlé ses yeux de noir et passé du rouge à lèvre pourpre sur sa bouche.

Masque de Sélina :



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Tenue de Sélina :



Spoiler:


Elle allait finir par être en retard, elle devait se dépêcher. Elle sortit en hâte, passant devant Holly sans répondre à ses jérémiades. Un taxi l’attendait en bas de la rue. Elle lui donna l’adresse et la voiture fila à travers les rues sombres de Gotham. Sélina sortit et ouvrit de grands yeux. Il y avait foule devant la grande tour Wayne. Elle était décorée avec goût et la jeune femme hésita un instant avant de pénétrer dans les lieux. Elle tendit son carton d’invitation au groom à l’entrée qui la salua d’un signe de tête. Elle entra alors et elle fut ébahie. Littéralement. La foule était nombreuse et les décorations étaient d’un luxe et d’un raffinement assez incroyable. Sélina repérait déjà les cibles potentielles au porte-feuille garni.

Quelques minutes après son arrivée, le maire monta sur l’estrade prévue à cet effet et déclama un petit discours que la jeune femme n’écouta que d’une oreille distraite. Elle contemplait la foule du regard. Se glissant entre les riches personnalités masquées, elle était bien incapable de reconnaître qui que ce soit. A part une personne. Un visage qui la scotcha. Wayne. Evidemment qu’il serait là. Mais si elle avait pu le reconnaître, c’est qu’il avait choisi de venir sans masque. Mais avec de belles cornes de renne sur la tête. Original. Elle ne put s’empêcher de sourire à cette vue. Elle remarqua la présence d’une femme élégante qui lui avait déjà mis le grappin dessus.

Sélina s’avança dans la direction des deux personnes, un verre de champagne à la main. Arrivée non loin de Wayne, elle trébucha, à dessein et le contenu de sa coupe se renversa sur le costume du milliardaire. Elle se planta devant lui, portant sa main à sa bouche. Un seul mot sortit d’entre ses lèvres.

Oups…

« L’espoir fait vivre », c’est une chose que mon père me disait souvent quand il me battait, que l’espoir qu’un jour j’aurais une vie meilleure était purement utopique de ma part mais il est vrai que cela me permettait de tenir, de ne pas céder sous les coups. Je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas rejoindre ma mère, même si elle me manque chaque jour un peu plus. Je suis d’une certaine façon une battante, mais que niveau survie, sinon je suis une faible. Je veux vivre, je veux survivre, même si ce n’est pas vraiment vivre. Je veux pouvoir ouvrir les yeux sur un nouveau jour, je veux pouvoir respirer durant encore 24h, je veux pouvoir marcher encore, courir, rire, dormir, aimer … Mais ai-je déjà aimé auparavant ? Non il ne me semble pas et pourtant parfois, au fond de mon lit, murée dans mon silence, ma solitude et ma tristesse, je me demande ce que ça ferait. Serais-je un jour capable d’aimer ? Existe-t-il un homme capable de m’aimer ? Je ne suis pas vilaine en soit, mais de là à plaire, c’est encore autre chose. En général on a pitié de moi, rien de plus. La pitié … beaucoup la déteste mais moi elle me protège, je ne peux que lui en être reconnaissante, elle me permet de survivre.

La pitié, c’est d’ailleurs elle qui m’a amené cet homme que je viens de bousculer. Non pas ce soir, mais il y a quelques semaines, dans les rues sombres et délabrées de Crime Alley. C’était la pitié qui l’avait conduit à m’aider mais au final c’était grâce à elle que j’étais encore en vie aujourd’hui. J’aurais aimé le revoir, je ne vous le cache pas, mais pas ici, pas maintenant, pas dans ses circonstances. Pourtant je n’ai malheureusement pas le choix, je vais devoir faire avec et tenter de l’esquiver au mieux. Je m’excuse et tente de me dérober à lui mais ce n’était pas sans prendre en compte sa ’super mémoire’ … il n’aurait pas pu m’oublier comme tout le monde lui ? Non monsieur a voulu se rappeler de moi … la poisse. « Toujours vivante à ce que je vois. » … Sympathique de le voir me dire ça, avec son sourire cynique en plus. Je le fixe un instant avant de tenter de m’enfuir à nouveau mais il enserre mon poignet plus fort, je ne peux plus m’en aller, il me tient. « Toujours aussi peu habile sur tes pieds aussi. » Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel devant cette remarque fort désagréable, fausse et injustifiée … bon peut être pas mais je me révolte quand même. « Tout de suite les grands mots, je n’y peux rien si les gens sont irrésistiblement attirés par moi et se sentent obligés de rentrer en ‘contact’ avec mon corps parfait ! » Oui bon c’est légèrement exagéré, mais il m’agace lui avec ses remarques et son air ironique. Je ne lui ai rien demandé … enfin pas cette fois-ci du moins, alors autant qu’il en profite non. Mais d’ailleurs qu’est-ce qu’il fait là ? Il cherche encore un type qui lui doit de l’argent ? Non parce que moi je sais ce que je fais ici mais lui ? Attendez, j’espère que ce n’est pas un concurrent parce que sinon je m’insurge ! « Mais au fait qu’est-ce que tu fous ici ? Tu cherches encore ton type ? Ou t’es pire qu’un banquier, tu prêtes de l’argent à n’importe qui ? » lui dis-je d’une façon tout à fait ironique, l’imitant légèrement. Je tente de retirer sa main de mon poignet mais en vain, il a de la poigne, il n’y avait pas à dire. « Tu peux me lâcher par contre … sinon tu vas me laisser une trace et ça va faire tâche avec mon beau déguisement ! »

Sélina se souvenait de la soirée mémorable qu’elle avait passée en compagnie de Wayne. Une soirée qui avait terminé dans un fast-food. Rien de moins. Autant dire qu’elle ne partait pas avec une excellente opinion de Bruce Wayne. Mais ce dernier avait un petit quelque chose de différent. Il pouvait être odieux au possible, infiniment grotesque, mais par moment, elle voyait quelque chose briller dans son regard, son timbre de voix changeait, comme s’il y avait en lui deux hommes différents. Et c’était cet homme qui l’intriguait. Elle avait donc rejoint la fête et avait observé, éberluée les groupes de femmes et d’hommes richement vêtus et persuadés de leur propre importance. Elle les méprisait, tous sans exception. Et si elle pouvait subtiliser des porte-feuilles, elle ne s’en priverait pas.

Elle n’avait pourtant pas pu résister à la tentation de ruiner une fois encore le costume de Wayne qui était en grande conversation avec une femme manifestement aisée. Sélina avait donc une fois encore, chuté par « inadvertance » et renversé sa coupe sur le costume de Bruce. Ce dernier n’eut pas une réaction aussi violente que la dernière fois mais ne se priva pas d’une remarque acerbe. Sélina, qui ne serait pas en reste, lui répondit :

Cela vaut bien une soirée lamentable terminée au Mc Donalds, non ?

Sélina adressa un sourire à la femme présente. Elle allait décliner son identité auprès de cette inconnue lorsqu’une femme magnifiquement déguisée d’un masque en or se présenta et fonça dans leur direction. Le vison qu’elle possédait était tout simplement magnifique. Sélina l’observa, amusée, en écoutant les explications de Wayne. Ainsi il s’agissait d’une chasseuse de riches, une de plus. Et après ? Qu’allait-il faire ? Elle s’attendait à tout venant de lui.

Ni une, ni deux, il salua l’importune lorsqu’elle arriva à leur niveau et introduisit Sélina en la présentant, une fois de plus, comme sa femme. Elle ouvrit la bouche pour protester mais n’en eut pas le temps. Il débitait déjà une excuse bidon et une énième version de leur rencontre, qui changeait à chaque personne rencontrée. Sélina bouillait intérieurement. Elle finit par glisser à la chasseuse de bons partis :

J’ai tout de suite vu qu’il s’agissait d’un bon parti. Vous vous doutez bien que je ne me suis mariée qu’à cause de son compte bancaire fort bien garni. Je n’en dirai pas tant de son caleçon.

Elle lui lança un regard assassin avant de sourire ironiquement lorsque Wayne se prit, une fois de plus, une claque retentissante et que la femme disparut, outrée. Il salua également la femme qui l’avait abordé la première, lui expliquant qu’il désirait danser avec sa femme avant d’entraîner Sélina qui tentait de résister et de refuser de lui emboîter le pas. Il la maintint avec force et l’entraîna dans un pas de danse. Sélina saisit la première occasion pour se dégager et lui asséner une violente claque.

De un, si vous racontez à chaque fois une histoire différente, vous n’aurez aucune crédibilité. De deux, je ne suis pas une poupée que vous promenez à votre guise, fourrez-vous bien ça dans la tête. Et de trois, après la soirée déplorable que vous m’avez fait passé, vous pensez vraiment que je vais vous saluer et jouer le rôle de votre femme comme si de rien n’était ?

Sélina était furieuse, une fois de plus. Elle se dégagea et sortit de la piste de danse sans se retourner. Elle tenait dans la main le porte-feuille de Wayne qu’elle venait de lui dérober. La soirée ne serait pas perdue au moins.

Parmi tous les gens vivant à Gotham, il a fallu que je tombe sur quelqu’un que je connais. C’est quand même fou ça, surtout que je ne viens pas du même monde qu’eux, je ne devrais connaître personne personnellement, juste des têtes que j’ai croisé sur des photos quand j’ai braqué leur maison, rien de plus. Et pourtant non, mon inconnu de la dernière fois se trouve là, juste devant moi, enserrant mon poignet comme si j’étais une suspecte dans une affaire et non pas une invitée quelconque dans une soirée. C’était qui au final ce gars pour être ici ce soir ? Parce que moi je le sais ce que je fais ici, mais lui ? Une fois que j’ai pu constater avec déplaisir que je ne pouvais pas fuir, je me suis résignée à lui faire la « conversation ». De toute façon ça ou autre chose, ce n’est pas comme si je n’avais pas le temps, en tout cas pour le moment, après je lui fausserais volontiers compagnie. Je lui demande ce qu’il fait ici, lui demandant si le fameux type qu’il cherchait la dernière fois était ici ce soir ou s’il cherchait un autre type qui lui devait de l’argent. « Non non. Barney m’a rendu ce qu’il me devait. » Barney ? Ah oui le fameux type de la dernière fois, je ne me souvenais même plus de son nom, je sais juste qu’il le cherchait et qu’il ne plaisantait pas avec les infos. Enfin je ne vais pas lui en vouloir, dans Crime Alley c’est vrai qu’il faut être sur ses gardes et ne faire confiance en personne, même pas en moi. Nous sommes nés pour survivre et non vivre, on est prêt à tout pour ça, même à trahir son meilleur ami en cas de besoin … « Ravie pour toi …» me contentais-je de lui répondre ne voyant rien d’autre à rajouter.

« Sinon. Je fais mon boulot, je suppose. » conclut-il finalement ses propos. Il est vrai que je lui avais demandé ce qu’il faisait ici et il n’y avait pas encore répondu. Je savais qu’il n’était pas ici pour son fameux Barney, vu que visiblement il l’avait remboursé, mais après cela restait un mystère. Cela dit, sa réponse ne m’éclaira pas plus que ça, au contraire même, elle m’intriguait. Que faisait-il donc dans la vie ? Je l’observe un instant avant de lui demander d’un ton ironique. « Ah bon ? Et c’est quoi ton boulot ? Serveur ? Il ne te manquerait pas un plateau pour ça ? A moins que tu sois un de ses tires au flanc qui pensent pouvoir s’en sortir en faisant semblant de travailler … C’est du joli ! » C’était assez amusant à nous voir tout les deux, il devait faire facilement deux têtes de plus que moi, voir peut être plus et était largement plus imposant que ma modeste personne. Pourtant je ne manquais pas de répartie avec lui, ni de hargne et de caractère. Je n’avais pas peur de lui, je ne saurais vous dire pourquoi, mais je me sentais presque … en sécurité. C’est stupide n’est-ce pas ? Je ne connais même pas son nom, je ne sais strictement rien de lui, je ne sais pas pourquoi il m’a aidé au final et pourtant je me sentais presque bien en sa présence. Bien entendu je ne le lui avouerais jamais, si dans l’avenir je devais recroiser son chemin. Je lui demande de me lâcher le poignet, d’une parce qu’il me fait mal et de deux parce que je n’avais pas envie d’avoir une marque. Il obtempéra sur le champ, ce que j’appréciais et il me répondit d’un ton amusé que je n’appréciais guère « Désolé. Bien que, avec tout ce noir, je doute que ça se voit réellement. » Qu’est-ce que je m’en tamponnais que ça se voit, je n’avais pas envie d’avoir une marque, point. Et même si ce soir ça ne se verrait pas, demain si et je ne suis pas sûre que mon boss apprécie cette marque. Déjà qu’il est étrange en ce moment, je n’ai pas envie d’en rajouter une couche. « Moi je le serais et mon boss le verra … pas sûr qu’il apprécie » Bien entendu lui devait s’en foutre royal, mais pas moi parce qu’encore une fois ce serait pour ma pomme. Déjà la dernière fois, tout ce qui s’était passé m’avais valu des coups, je n’ai pas envie de devoir en subir de nouveau parce que monsieur trouvait ça fun de me faire des marques. Personnellement j’aimerais juste qu’on m’oublie un instant, serait-ce trop demandé ?

« Et toi, qu’est-ce que tu mijotes ? Je savais pas que Wayne faisait dans le caritatif et invitait les filles dans ton genre. » Qu’est-ce que je mijote ? On dirait un flic à parler comme ça … il craint vraiment en fait. M’enfin il m’a sauvé la peau je peux passer sur toute cette histoire. Il ne croit en tout cas pas sérieusement que je vais lui balancer mes plans j’espère, sinon il serait bien naïf. J’esquisse un sourire et attrape une nouvelle coupe qui se trouve dans un plateau qu’un serveur tient à deux pas de nous. Je lève mon verre vers le visage de mon inconnu et lui répond tout sourire « Mais je profite de la soirée, rien de plus. Alcool et bouffe gratis … Et on ne va pas chipoter sur le comment je suis arrivée ici, ce n’est qu’un détail insignifiant au final … »

Non pas que je n'étais pas ravie de revoir mon inconnu, seulement le temps s'écoulait et bientôt ils allaient annoncer la nouvelle invention que l'entreprise Wayne avait mise au point. C'était la raison de ma présence ici et je ne devrais pas louper le coche. Je n'étais pas ici pour entre-apercevoir le milliardaire, je m'en badigeonnais le nombril avec le pinceau de l'indifférence de ce type. Certes il était orphelin comme moi et avait fait beaucoup de choses pour l'orphelinat où j'étais mais quoi qu'il puisse arriver, nous n'étions pas du même monde, lui avait son majordome, sa grande baraque, son entreprise et tout le tralala, moi j'avais la violence des rues, les murs froids de l'orphelinat, l'absence et le rejet de mon frère, mon unique famille et la mafia qui me faisait des yeux doux. Nous étions peut être deux orphelins, mais lui dormaient dans des draps de soie et ne savait très certainement même pas la raison de cette soirée, alors que moi je vivais avec la peur au ventre, ne sachant pas si j'allais finir la journée vivante ou non et si j'allais encore me réveillais le lendemain mais qui étais parfaitement au courant des raisons de cette soirée.
Je n'étais pas non plus ici pour manger et boire à l'oeil, même si tout cela m'avait l'air délicieux, je n'en profitais pas, je devais garder la tête lucide et le ventre vide pour pouvoir me mouvoir comme il se devait quand je devrais crapahuter loin de cette salle bondée avec l'invention sous le bras.

Le Maire fit de nouveau son apparition et il présenta M. Fox. Je me foutais royal de savoir qui il était, tout ce que je voulais savoir c'était quelle était cette fameuse invention que je devais dérober ce soir et où elle se trouvait. Il nous la présenta enfin et je découvris la cape d'invisibilité, une matière fort surprenante de textile qui avait subit des modifications pour pouvoir disparaître ou plutôt refléter ce qui pouvait l'entourer. C'était extraordinaire, très certainement de la nano-technologie ou quelque chose dans ce genre là. Tous le monde applaudit et certains ce tournèrent vers M. Wayne pour le féliciter. Savait-il seulement qu'ils avaient ça en projet ? Il devait être bien trop occupé à faire la fête et draguer tout ce qui bougeait pour ça, pauvre type. Je devais me dérober à mon « invité » et je découvris une parade qu'il n'allait pas apprécier mais qui me serais fort utile. J'attendis qu'un gros monsieur passa devant nous, lui fis un croche-patte et le vit débarouler sur mon inconnu. Je profitais de la légère cohue pour me tirer loin d'eux, me faufilant entre les gens pour me rapprocher de cette merveille. Bientôt ce serait à mon tour de jouer et je devrais être très rapide. Je commençais à dégrapher lentement le bas de ma robe, le gardant entre mes mains pour faire encore illusion mais bientôt il tomberait et je serais enfin totalement libre de mes mouvements. Je ne serais pas la seule sur le coup mais j'espérais être la plus rapide...