Aslinn O'Donnell ne remarqua même pas la présence de Rachel Andersen. Elle était accaparée par la situation. Elle possédait le sang de la vieille sur ses mains alors qu'elle avait tenté de la sauver. Or, son heure était arrivée et la dame âgée sombra. Sa macabre position fut à l'évidence observait trop tard. La rousse s'en voulait un peu : penser à se cacher et oublier les autres, elle se jugeait égoïste pour le coup. Qui l'avait tué ? Les méchants ou les gentils ? L'un des deux camps s'en repentirait, certainement pas celui qui comportait la présence de Julian. Soudainement, la striptease sentit qu'on lui saisissait l'avant-bras. A cet instant, elle aperçut enfin Rachel. Cette dernière lui faisait signe de se taire alors même qu'elle s'était arrêtée de prendre la parole depuis l'arrivée de l'autorité. As' savait qu'il fallait user de discrétion. L'instant ne demeurait pas à la rigolade, ni au fait de se faire remarquer à tout prix pour soutenir un pair. Bien-sûr, l'anglaise se montra plutôt contradictoire dans ses gestes et actions : elle hurla tout simplement pour poser une question à O'Donnell. La jeune femme ne releva pas l'opposition qui cernait le comportement de Rachel. Elle le prit plutôt bien. La hors la loi lui demandait quand-même de ses nouvelles : incroyable mais vrai. Elles étaient parties du mauvais pied lors d'une rencontre à la salle de sport mais l'événement présent les envoyait à la même case, les mettait au même niveau. Elles vécurent un instant traumatisant. Allaient-elles garder contact après cela ? L'irlandaise secoua la tête pour dire non, pas le temps de retourner l'interrogation à son interlocutrice. La rouquine ne savait pas quoi faire, apparemment Andersen possédait des idées en tête. Or, un agent du SWAT les coupa pour leur demander de le suivre. La brune semblait chercher l'approbation de sa camarade, peu encline à lui répondre tant la situation la désespérait. Le représentant de la force se permit de pousser Rachel à se lever pour exécuter un ordre: celui de quitter l'endroit. Leur minable cachette qui n'en représentait pas une, ne les tiendrait pas en sécurité. Les filles obéirent au type vêtu avec cette fameuse combi noire qui caractérisait son poste. Pas d'autres issues, elles devaient se mettre à l'abri. Sans plus attendre, Andersen trébucha sur quelque chose, un corps, celui de Mia. Tout devint flou. Aslinn restait trop confuse, comme endormie par chaque attaque des deux partis, plutôt happée par la peur que tous ces gens innocents meures. Son cerveau était en mode veille et elle ne savait plus quoi faire. Elle regarda Rachel qui rejoignit Mickaelson au sol. Puis, une détonation retentit. Silence de mort. Julian avait péri ! Aslinn lâcha un soupir de soulagement. En même temps, elle se sentait toujours en dehors de l'événement. Elle n'écoutait pas les autres, Mia qui posa tantôt une question aux deux filles qui l'avaient rejoins, la conversation entre un jeune flic et son patron : Mickaelson en l'occurrence. La femme de Scott Ledger fut touchée par le courage de cette femme et franchement, une fois ses esprits retrouvés, elle irait sûrement la remercier pour son aide mais aussi prendre de ses nouvelles. A l'instant, elle balaya la salle du regard. Jamais elle n'avait vu cela.... .

... un silence glacial. Le temps se suspendit quelques secondes. Et tout était fini. Des éclats de voix enthousiastes brisèrent l'ambiance funeste qui régnait dans les lieux. En une demi-heure, la banque était passée d'un temple du capitalisme épuré où chaque chose avait sa place à un champ de bataille maculé.

Les yeux de l'anglaise trouvèrent le corps inanimé du fameux Julian. Il avait fait couler beaucoup de sang et allait faire couler beaucoup d'encre. Cette intervention avait été un vrai fiasco. Pourquoi rien ne s'était déroulé comme dans les films ? Pourquoi n'y avait-il pas eu de super-héros en collant pour les sauver ? Où était le happy end ?

Lorsque la flic lui répondit, Rachel, en un sursaut, voulut reculer pour s'écarter de cette âme revenue d'entre les morts. Elle tomba lourdement sur le cul, la mine horrifiée. Cependant, la honte ne tarda pas à chasser son air effrayé au profit d'une expression fermée, vaguement vexée. Un type se glissa jusqu'à elles, soucieux du cas de sa boss. L'anglaise ne lui prêta aucune attention et se releva. A côté d'elle, O'Donnell semblait figée, comme encore pétrifiée d'horreur. A vrai dire, tout le monde avait été très secoué par cette prise d'otage. A quelques mètres, la femme ayant servi de bouclier exprimait toute sa terreur en des cris avoisinant la folie pure et simple. Les psychologues de la ville allaient avoir du boulot...

La flic kamikaze adressa à son bleu de belles paroles. Andersen leva, exaspérée, les yeux au ciel et commença à s'éloigner. Si elle restait, elle était bonne pour des remerciements et franchement... y'avait pas de quoi. Sa survie, elle la devait plus à la folie meurtrière de Julian qu'à la prétendue compétence des flics... peut-être pas en fait, mais hors de question de remercier la flicaille.
Un urgentiste se précipita vers elle, l'accablant de questions dont elle ne comprit un traitre mot.

C'est bon, dégagez.

Rachel continua d'avancer, laissant derrière elle le type pantois. Elle voulait juste partir d'ici... s'échapper de cet enfer.